I. Les débuts d'une grande épopée
Le 21 novembre 1783, en France, Pilâtre de Rozier effectua son premier voyage aérien de l'histoire de l'humanité. En compagnie du Marquis d'Arlandes, ils parcoururent en montgolfière un trajet entre le château de la Muette et la Butte-aux-Cailles. Il trouva la mort dans l'incendie de son ballon en tentant d'effectuer, le 15 juin 1785, une traversée de la Manche.
Plus tard, le planeur (aile articulée), ancêtre de l'avion, connut ses heures de gloire avec Otto Lilienthal, auteur du livre "Du vol des oiseaux comme base de l'aviation", paru en 1889. Au prix de nombreuses chutes et blessures, Otto et Gustav Lilienthal conçurent les bases du vol-à-voile.
Le 9 octobre 1890, le premier appareil baptisé Eole s'élève à 20 cm du sol, sur 50 m de distance, dans le parc du château d'Armainvilliers. Aux commandes, Clément Ader, le premier homme à faire décoller une machine volante propulsée par un moteur à vapeur de 20 chevaux. On doit à cet inventeur français non seulement ce premier exploit, mais aussi d'avoir imaginé le nom d'avion, qu'il attribua à son appareil volant entièrement articulé et repliable, conçu sur le modèle de la chauve-souris (cliquez içi pour visiter l'atelier d'Ader: cliquez sur Ader, puis dans le sommaire à gauche sur Eole puis enfin sur les photos de son atelier).
L'Eole vit le jour. Il s'agissait d'un appareil
aux formes rappelant une chauve-souris. Clément Ader calcula même
le rapport poids-surface de cet animal qu'il rapporta sur son avion. Bien
sûr, comme pour la roussette des Indes qui lui servit de modèle,
les ailes en bois recouvertes de soie de l'Eole pouvaient s'articuler,
ce qui correspond aujourd'hui au gauchissement différentiel. Un
train d'atterrissage robuste permettait à l'engin de décoller
et de se poser par ses propres moyens sans le recours à un pylone
de lancement, d'une catapulte ou d'un rail. Un moteur à vapeur à
deux cylindres délivrant 20cv pour seulement 18kg de poids actionnait
une hélice en bambou. Clément Ader à bord, l'Eole
pesait à peine 300kg.
Clément Ader réussit à faire voler son appareil
dans le parc du château d'Armainvilliers. Quelques jardiniers et
les collaborateurs d'Ader assistèrent à ce vol mémorable.
Un petit bond dans les airs, à 20 cm du sol, qui coûta tout
de même plus de 500.000 francs or à son auteur qui, fort de
son succès, se mit en rapport avec le Ministre de la Guerre , M.
de Freycinet, pour obtenir des subventions de l'Etat. Il obtint un nouveau
financement sur le budget de la guerre, et put installer son laboratoire
à Auteuil. Selon les termes de la convention passée entre
l'inventeur et le Ministre en 1892, l'appareil devait pouvoir emporter
une ou deux personnes en plus du pilote, et des explosifs à plus
de 100 mètres d'altitude, à une vitesse minimale de 15 m/s
tout en étant contrôlable et dirigeable sur un itinéraire
déterminé. Ader obtint 650.000F or de crédit, ce qui
prouve bien que l'on prenait l'inventeur très au sérieux.
Baptisé "Avion n°3", le nouvel
appareil propulsé par deux moteurs de 20cv fut achevé
en 1897. Des expériences eurent lieu en octobre 1897 en présence
de généraux chargés de vérifier les possibilités
de l'engin. Malheureusement, ils firent tout au plus état d'un "léger
soulèvement des roues arrière", sans évoquer un vol
réel. Et lorsque l'Avion n°3 fut gravement endommagé
à l'issue d'un second essai, c'est un avis défavorable que
donnèrent les membres de la commission. Evidemment, le Ministre
de la Guerre coupa les crédits et Ader, découragé,
détruisit l'Eole et son laboratoire. Il fit don de ses archives
à l'Institut des sciences : 600 cahiers d'écolier remplis
de notes sur la construction de l'Eole et de l'Avion n°3. Il ne conserva
que l'Avion n°3, qu'il offrit au Conservatoire
des Arts et Métiers. Ader reçut tout de même la
Légion d'honneur et est aujourd'hui considéré
comme le précurseur de l'aviation.
Cette performance, pour insignifiante qu'elle pourra paraître
à l'ère des Airbus A-340, conservera au regard de l'histoire,
la même valeur que le fameux "premier pas" de Neil Armstrong, en
juillet 1969.
Ils furent beaucoup à rêver d'une telle réussite
à cette époque, Louis Mouillard et son hybride mi-parachute
mi-oiseau,
Sir Hiram Maxim, les frères Wright qui feront parler d'eux quelques
dix ans plus tard, Gustave Whitead, ou encore Octave
Chanute. Jusque en 1900, date à laquelle est apparu le moteur
à explosions, tous ont dû utiliser des moteurs à vapeur.
C'est ce qui explique le déclic qui s'est produit à ce
moment ci. Car le moteur à explosions est beaucoup plus léger
et
moins volumineux qu'un moteur à vapeur à rendement équivalent.
En 1903 Orvill Wright fit quatre vols sur Flyer I. Le premier
dura 12 secondes parcourant 36,5 mètres, ces résultat s'améliorèrent
aux fils des vols, le quatrième parcouru 260 m. et ce en 59 secondes.
Du jamais vu à cette époque. Ce fut le premier vol stabilisé
d'un engin motorisé plus lourd que l'air.
Une année plus tard les frères
Wright franchirent encore un pas dans l'amélioration de leurs
machines volantes. Cette fois ci, ce fut Wilbur (à droite)qui, après
avoir décollé avec un nouvel appareil, Flyer II a pour la
première fois décrit un cercle et a établi par la
même occasion un nouveau record en parcourant la distance de 1240
m..
1905, les Wright, toujours eux établissent un
nouveau record. Mais de poids cette fois-ci. Wilbur réussit
à
voler pendant plus de 38 min. sur Flyer III. Le pilote dirige l'appareil
comme auparavant,
allongé au niveau des ailes.
Deux ans plus tard, en 1907, Louis
Blériot fit une apparition sérieuse dans la course à
l'exploit avec plusieurs prototypes tels que Blériot VI
ou encore Libellule. Et il faudra
attendre deux ans pour pouvoir traverser la manche. C'est Blériot
qui a réussi cet exploit.
Le temps? 40 minutes.
Pour connaître ce qui suivit, cliquez cer Douglas Cruiser
de 1924:
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